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Merci à Fayard et NetGalley |
Comme un seul homme de Daniel Magariel
Fayard, coll. Littérature étrangère, 2018, 192 p.
Traduit par Nicolas Richard
Contemporaine, Famille
Le combat fut âpre. Mais, ensemble, le narrateur, un garçon de douze ans, son frère aîné et leur père ont gagné la guerre – c’est ainsi que le père désigne la procédure de divorce et la lutte féroce pour la garde de ses fils. Ensemble, ils prennent la route, quittant le Kansas pour Albuquerque, et un nouveau départ. Unis, libres, conquérants, filant vers le Nouveau-Mexique, terre promise, ils dessinent les contours de leur vie à trois.
Les garçons vont à l’école, jouent dans l’équipe de basket, se font des amis, tandis que leur père vaque à ses affaires dans leur appartement de la banlieue d’Albuquerque. Et fume, de plus en plus – des cigares bon marché, pour couvrir d’autres odeurs. Bientôt, ce sont les nuits sans sommeil, les apparitions spectrales d’un père brumeux, les visites nocturnes de types louches. Les garçons observent la métamorphose de leur père, au comportement chaque jour plus erratique et violent. Livrés à eux-mêmes, ils n’ont d’autre choix que d’endosser de lourdes responsabilités pour contrer la défection de leurs parents, et de faire front face à ce père autrefois adulé désormais méconnaissable, et terriblement dangereux.
Daniel Magariel livre un récit déchirant, éblouissant de justesse et de délicatesse sur deux frères unis dans la pire des adversités, brutalement arrachés à l’âge tendre. Deux frères qui doivent apprendre à survivre et à se construire auprès d’un père extraordinairement toxique, au milieu des décombres d’une famille brisée.
Les garçons vont à l’école, jouent dans l’équipe de basket, se font des amis, tandis que leur père vaque à ses affaires dans leur appartement de la banlieue d’Albuquerque. Et fume, de plus en plus – des cigares bon marché, pour couvrir d’autres odeurs. Bientôt, ce sont les nuits sans sommeil, les apparitions spectrales d’un père brumeux, les visites nocturnes de types louches. Les garçons observent la métamorphose de leur père, au comportement chaque jour plus erratique et violent. Livrés à eux-mêmes, ils n’ont d’autre choix que d’endosser de lourdes responsabilités pour contrer la défection de leurs parents, et de faire front face à ce père autrefois adulé désormais méconnaissable, et terriblement dangereux.
Daniel Magariel livre un récit déchirant, éblouissant de justesse et de délicatesse sur deux frères unis dans la pire des adversités, brutalement arrachés à l’âge tendre. Deux frères qui doivent apprendre à survivre et à se construire auprès d’un père extraordinairement toxique, au milieu des décombres d’une famille brisée.
Cette histoire n'était pas ce que j'attendais. J'ai certes passé un très bon moment, mais je préfère vous le dire : c'est un récit sombre, très sombre et qui ne sera pas évident à lire.
Le trio formé par le père, le frère et le narrateur, les allégeances et la loyauté, c'est le cœur du récit. Le narrateur est un tout jeune garçon, tout juste adolescent. Pour vivre de façon officielle avec son frère et son père, qu'il idolâtre, il est prêt à tout. Mais surtout, il ne veut plus vivre avec sa mère, faible créature à cause de laquelle tout a foiré dans leurs vies.
Alors, banco. Les voilà partis dans une nouvelle ville, une nouvelle vie. Un père et un frère, le narrateur ne demande pas mieux. À tel point qu'aucun personnage n'a de nom, ils sont littéralement leurs liens familiaux. Et très vite, c'est aussi la seule chose qui leur reste.
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comme ça, en moins fun. |
À titre personnel, en tant que lectrice, j'ai tout de suite vu leur père non pas comme défaillant, mais comme carrément pas tranquille. Le bien-être de ses enfants ? Balek. Les accompagner afin qu'ils deviennent à terme des adultes épanouis ? Balek. Leur apporter sécurité et amour dans leur foyer ? Balek. Un lieu et une figure stables et rassurants ? Balek.
On peut cependant quand même dire deux mots de leur mère. On sent que cette femme en a bavé, on sent qu'elle n'est pas psychologiquement capable de revivre tout ça, même pour protéger ses enfants. On sent qu'elle est faible, on sent qu'elle essaye, on sent qu'elle a peur, on sent que ça pu l'impasse à des kilomètres, et on s'inquiète.
Dès le début, c'est annoncé. Leur père déménage avec "ses" garçons pour "redevenir un gamin". De base, je suis peut-être un peu vieux jeu, mais il y a un bon gros problème. Et tout s'amplifie : leur éloignement géographique va vite les confiner dans un huis-clos angoissant où les ados vont devoir se débrouiller tout seuls en jonglant avec les sautes d'humeur de leur paternel, ses accès de colère, ses lubies.
Les gamins se montrent brillants dans un domaine ? Le père fait en sorte de les en dégoûter, ou pire, de leur faire abandonner. Le mec est tellement égoïste et auto-centré qu'il est hors de question qu'un de ses fils ait un nouveau modèle, qu'il trouve des centres d'intérêt n'ayant rien à voir avec lui. Pire, sait-on jamais, qu'il réussisse mieux que lui.
Manipulations, culpabilisation, colère, comportement erratique et imprévisible, ce père a plus d'un tour dans son sac pour garder la main-mise sur ses garçons, et la façon dont il s'en sert est de plus en plus tordue au fur et à mesure qu'il sent qu'il peut perdre de l'emprise sur eux.
On s'en doute, le récit va atteindre son paroxysme et ce sera dur, violent tant physiquement que psychologiquement.
Et l'auteur brille avec son épilogue, qui sonne comme un rêve lointain, celui de tous les possibles, celui où y croire était non seulement possible, mais où il était même inimaginable de penser autrement.

- La dimension psychologique
- Les liens très forts entre les personnages
- La relation entre les deux frères
- Un récit plus dur qu'il ne le laisse paraître